Danser sans jamais s'arrêter...

Comme emporté dans une danse sans fin, le corps, ses mouvements et son immuabilité, sa grâce et ses transes contenues, ses désirs de fusion, de profondeur et son impassibilité, Tatis ne réalise pas, dans ses monotypes, ce que les modèles apportent de leurs formes, elle cherche en eux leurs émotions, leur force intérieure et leur pureté.

Cet équilibre et cette harmonie transpirent de leur gestuelle. Homme, femme, danseur, danseuse, cela importe peu. Il s'agit de rendre compte d'un mode d'expression qui est celui de leur chair et au-delà, de leur être tout entier, sous l'emprise d'une musique réelle ou fictive.

 

Ses monotypes sont traversés par une tension sourde qui mêle les silhouettes des corps aux élans charnels, et les limites physiques aux volutes de lâme.

 

Tatis déploie ses corps nus en de simples lignes parfaites, en des jeux d'ombres subtils, en des rythmes plastiques. Ici, c'est une chute de reins qui se cambrent. Là, c'est une main qui s'envole. Là encore, c'est une poitrine qui vibre.

 

Ses corps sont véritablement animés par un mouvement qu'elle saisit en un épisode concentré sans une image fragmentaire et elliptique. Elle inscrit leurs pulsions au plus profond de la matière.

De la masse noire, "ce chaos obscur où la nuit remue", se détachent des galbes sensuels. Il n'y a pas de détails, pas d'anecdotes, juste des frémissements, des oscillations, des torsions, des gestes lents, sublimés, figés dans l'espace. Instants furtifs, instants précieux que Tatis attrape au vol. L'artiste retient leur existance à l'instant même où elle a déjà disparu. Mouvements perpétuels, incessants, toujours et toujours, encore et encore... véritables tourbillons. Ses corps s'enferment alors dans leur destin : beaux, sans artifice, fascinants. Ne deviennent-ils pas ainsi une part d'éternité en suspens ? Il est vrai que l'on peut ressentir cette énergie latente capturée par l'artiste dans toutes ses oeuvres qui irradiens un magnétisme presque palpable.

 

L'excécution des monotypes n'admet ni retour, ni repentir dans le tirage d'une épreuve unique.

Mais cette technique réserve quand même des rencontres du hasard : images projetées par une lanterne magique, nées de l'insconcient que Tatis retravaille. Elle polit le fond noir, retire, enlève, va jusqu'à l'user. Maîtrise et accident partagent la puissance évocatoire. Les corps sont ici empreintes, tels des suaires, donnant aux figures leur force et leur faiblesse. On les entrevoit, les voit, les touche même. Elles nous entraînent. Autour d'elles, c'est tout un rythme aux chromatismes de noir qui prend vie avec des percées de lumière: jeux d'opacité et de transparence, et enlacent les silhouettes. On suit leurs lignes, leurs formes qui se détachent, qui signalent l'articulation d'une aine, la courbe d'une hanche, le pli d'un couden : projections furtives pour simuler l'indéfini du mouvement et l'infini de la vie.

Ces corps-empreintes possèdent un indéniable pouvoir : la puissance du regard.

L'artiste prête en effet à l'inanimé de l'empreinte ce pouvoir magique de l'animation avec laquelle elle fut un moment en contact, et même d'où elle tire sa nature même. C'est aussi ce qui fait que les monotypes de Tatis vibrent et respirent, que ses danseurs deviennent "grains de matière lumieuse, grains de pure lumière".

L'artiste se retire derrière ses gestes pour que ses corps tout entier accèdent à la vraie liberté, à l'harmonie totale si longtemps recherchée, celles qui rendent apte à capturer et à exprimer l'abandon, la sérénité retrouvée, qui transporte, qui dépasse et qui protège : "le rêve, l'oubli de soi l'emporte vers un autre moi à la recherche de sa vérité cachée au plus profond de son être".

 

Muriel CARBONNET

Critique d'Art

Les états d'âme

Sonder l'insondable.

Les portraits de Tatis, peintre-graveur, interrogent nos états d'âme, avec, en filigrame, le questionnement de l'artiste sur l'origine du monde.

L'expression de l'intériorité est magnifiée par les regards fiévreux de ses visages.

Les cous et les mains interminables jaillissent d'un blanc avec des effets de sfumato ou se perdent dans la nuit du noir...

 

Son travail repose sur des oppositions et des suppositions.

Les débuts de cette artiste, diplômée des Beaux-Arts, peintre à l'origine figurative et classique inspirée par la Renaissance (Botticelli), lui ont valu un cheminement solitaire.

 

Ses portraits s'ils peuvent évoquer Lempicka empruntent également à Goya pour leur côté sombre et tourmenté. Ils s'inscrivent dans la lignée de ces grands monotypes d'une grande force.

 

On retrouve, dans cette série ici, son questionnement sur les paradoxes et la dualité : noir et blanc, ombre et lumière, douceur et violence, endroit et envers.

 

Brigitte Camus

Critique d'Art

 

Les étreintes

Depuis plus de vingt ans, Tatis pratique la peinture et la gravure monotype avec toujours la même grâce et une incessante quête d'harmonie entre l'énergie du corps et celle de l'esprit.

 

Ses oeuvres actuelles résultent de techniques mixtes bien maîtrisées, et offrent un travail d'un grand raffinement.

Les collages de papiers japonais, retravaillés à la tempéra sur la toile brute, jouent des brillances, des transparences et de la lumière. Ainsi se donne à voir le procerassus même du travail, le papier de soie déchiré, les couches de glacis, les empreintes, les traits délaissés et recouverts : "construire, détruire, reconstruire", explique l'artiste "est pour moi une obscure nécessité, pour que seul l'essentiel subsiste.

 

Après une période où le noir et une certaine monochromie prédominaient, Tatis s'est ouverte peu à peu à la couleur, sans préjugé. Depuis, ses bleus se parent de nuances de perle, ses rouges s'empourprent, et ses jaunes se font or.

 

L'oeuvre récente de Tatis semble traversée les ombres des plus grands.

Il y a quelque chose de caravagesque dans l'expressivité, précise et tendue, des mains, de la position des corps émergeant de l'ombre, donnant chair et force dramatique à la composition du tableau. Ici, des motifs empruntés à Klimt, des détails à l'opulence baroque, ailleurs, des oeuvres comme peintes à fresque et effacées par le temps...
Nous voici entre Sécession viennoise et Pompéi, Rubens et le Naples à fleur de peau, entre mythe et modernité, d'Ernest pignon-Ernest. Tatis joue avec nos rêves, nos souvenirs d'amateur d'art, nos petits musées personnels.

 

Marie Deparis

Critique d'Art

 

AUAffiliée à la Maison des Artistes

N° M 212 612

 

Sociétaire des Artistes Français

 

Membre de la fondation Taylor

Membre de la fédération Manifestampes

 

Sociétaire le la Société Nationale des Beaux-Arts

 

Membre de l'ADAGP (Société des auteurs dans les arts graphiques et plastiques);

TATIS, marque déposée à l'INPI

Derrière le masque
Derrière le masque